Savez-vous qu’il est possible de différencier un vrai d’un faux sourire? Le neurologiste Duchenne de Boulogne s’est intéressé aux expressions faciales au XIXe siècle et est le premier à être capable d’identifier le sourire lorsqu’il exprime une joie sincère. Il découvre qu’une caractéristique particulière du visage est déclenchée lorsque le sourire est franc. En effet, notre figure effectuerait une contraction involontaire de l’orbicularis oculi, le muscle orbiculaire de l’œil situé autour des yeux. Paul Ekman en 1980 poursuit les recherches de Duchenne et confirme son hypothèse.
En honneur au neurologue français, l’expression «sourire de Duchenne » est désignée pour nommer les véritables sourires. Ekman découvre en plus, qu’il est quasiment impossible de contracter volontairement nos muscles orbiculaires et que ceux qui le peuvent n’arrivent habituellement pas à contracter leurs deux muscles en même temps. Par conséquent, les sourires sincères seraient pour certains impossibles à simuler. C’est ce que vit Constance Dupras au quotidien. Elle tente de cesser l’imposture et trouver le moyen de sourire franchement, sans arrière-goût.
La psychologue Éveline Marcil-Denault signe son premier roman Le sourire de Duchenne ou elle aborde le complexe thème du bonheur. Constance, le personnage principal, est étudiante en psychologie et assiste le professeur Wendler dans ses recherches sur le bonheur. À force de s’intéresser à la science des sourires, elle se rend compte que les siens sont faux. Constance entreprendra au cours d’un printemps, une introspection salvatrice. C’est en déterrant des souvenirs douloureux et en se questionnant sur elle-même que la jeune étudiante trouvera la force d’avancer fièrement dans la vie.
Au premier regard, cette fiction m’inspirait peu étant de ceux qui fuient tout roman de quête spirituelle et autres. Cependant, il ne faut jamais se fier à la première impression et j’ai été agréablement surprise du roman. Une écriture habile, des thèmes forts et stimulants, un personnage attachant… Le sourire de Duchenne m’a amenée à me questionner sur mon propre bonheur et me demander également si je ne suis pas entourée de faux sourires. Combien de fois a-t-on déjà répondu que tout allait bien quand tout s’écroulait? Éveline Marcil-Denault a su mélanger avec grâce son expertise professionnelle, sa créativité et sa sensibilité.
Le sourire de Duchenne (pour faire un jeu de mot digne d’une matante à chat), est à dévorer à pleine dent.
« Puis elle regarda attentivement Marie. Son sourire. Ses yeux. Elle l’avait remarquée dès leur retrouvailles. Elle la vit encore. Et celui lui fit l’effet d’un coup de poing dans le ventre. C’était tellement frappant: cette expression sur le visage… »