Le weekend dernier, je suis retournée dans mon patelin d’origine, Valleyfield, pour assister à la dernière journée de la 17e édition des Fêtes internationales du théâtre (FIT). Ayant participé il y a de cela plusieurs années à la deuxième édition de ce festival avec la troupe de théâtre de mon école, j’étais très enthousiaste d’y retourner. En plus d’avoir la chance de faire un (ou 100) câlins à mes grands-parents, j’ai eu beaucoup de plaisir à voir les deux pièces suivantes.
LES SOIRÉES THÉÂTRALES IMPROVISÉES (STI)
C’est quoi ça ? À mi-chemin entre le théâtre et l’improvisation, les soirées théâtrales improvisées sont un concept bien unique. C’est de l’improvisation de longue haleine avec un metteur en scène, comme au théâtre. Que fait le metteur en scène dans une improvisation, certains demanderont ? Il dirige comme un chef d’orchestre, ses comédiens, un éclairagiste et un musicien. Chaque soir, un nouveau metteur en scène avec ses idées et son équipe. La soirée est clairement différente chaque fois qu’une nouvelle équipe prend place. Un concept de Étienne Legault.
Metteur en scène : Maxime Gervais
Thématique de la soirée : La musique
Comédiens : Debbie Lynch-White (Unité 9), Dominic Massicotte (le partenaire de Maxime des Pic-Bois), Mathieu Niquette, Jonathan Leduc et Jessica Piché.
C’était donc une soirée solide, pleine de rebondissements, comme tout bon match d’impro. J’ai beaucoup ri ! Mes coups de cœur de la soirée, Debbie, Dominic et Mathieu ! Quel jeu. Je leur lève mon chapeau pour ce sport théâtral qu’est l’improvisation.
Seul bémol, nous étions d’accord mon accompagnatrice et moi, la durée des improvisations étaient un peu trop longue. Je comprends le désir d’allonger le traditionnel 3-4 minutes de l’improvisation, mais je crois que 10 minutes auraient été suffisantes et auraient évité que certaines improvisations tournent en rond.
LAPALISSADE, par le Collectif Qui est Gaspard ???
– J’aimerais réécrire ce que Handke a écrit un jour –
« Vous vous attendiez sûrement à quelque chose. Vous ne vous attendiez peut-être pas à grand-chose, mais vous ne vous attendiez certainement pas à ça. »
Je ne m’attendais certainement pas à ça, parce que c’était différent de tout ce que j’ai pu voir en théâtre. Lapalissade, présentée par le collectif Qui est Gaspard??? de l’Université Laval en collaboration avec le LANTISS a été une expérience en soi. Tantôt intrigante, tantôt agressante, souvent déroutante. On nous avait prévenues. Émilie Fortier, coordonnatrice des FIT nous avait dit que l’Université Laval avait l’habitude de faire les choses différemment. Elle ne nous avait pas menti. En entrant, une «scène» particulière. Entre l’allure d’une arène et d’un cirque, on a aucune idée de ce qui nous attend. Avec en main un feuillet et un programme distribué à l’entrée du Café chez Rose, les spectateurs avait l’oeil amusé. De par son ancienne vie de chapelle, le café chez Rose avec ses plafonds cathédrale et son acoustique particulière était LA place pour faire ce spectacle. C’est d’ailleurs une pièce qu’on «écoute» beaucoup plus qu’on voit, malgré quelque effets visuels.
Les avis sont très partagés à la sortie de ce spectacle unique. Mon accompagnatrice n’a pas du tout aimé. Elle croit que le concept n’en était pas tellement un et elle aurait aimé voir l’idée développée autrement. Beaucoup trop de longueurs selon elle. Et la troupe nous avait prévenus que nous allions probablement rester sur notre faim. Créer quelque chose de la fusion de deux pièces de Peter Handke (Outrage au public et Gaspard) n’est définitivement pas quelque chose pour conforter (rien de réconfortant je vous le dit) le public dans du théâtre traditionnel. Des spectateurs qui quittent la salle n’ont jamais fait peur à Handke et il semblerait que ça n’effraie pas non plus les finissants au Baccalauréat de l’Université Laval. Croyez-le ou non, ils nous ont fait poireauter, nous public incertain, devant un minuteur pendant CINQ MINUTES en plein milieu du spectacle , avant de subtilement nous faire comprendre qu’on était un peu con d’attendre ainsi. Une façon bien intelligente de se moquer du public.
Après la lecture de leur programme et quelque recherche sur Handke et ses pièces, je comprends encore un peu plus leur objectif. J’irais définitivement revoir cette pièce, qui n’en est pas une. Bravo !