Collage de l’œuvre de Réjean Ducharme par Martin Faucher
Mise en scène et adaptation théâtrale par Frédéric Dubois
Petite salle, univers intime. Bas de laine, sac à dos. Introduction brève au concept de la pièce et de la troupe, suivi d’une pige pour l’interprétation de la scène finale (parce que oui, les comédiens vont devoir se diriger vers une fin aussi inattendue qu’elle l’est pour nous). De l’esthétisme et des surprises. Ducharme, Frédéric Dubois. Ça sonne comme une bonne soirée, tout ça…
Six comédiennes pour Chateaugué et six comédiens pour Mille Milles, les deux et uniques personnages de la pièce (un concept déjà bien utilisé, mais qui sait ? Plusieurs voix pour un collage de texte de Ducharme ne peuvent que rendre davantage écho à la pièce). Deux enfants-adolescents, en quête d’un suicide commun plutôt qu’une longue et pénible vie à la ‘‘tout le monde’’ (quelle honte!). Pourquoi se laisser décrépir jusqu’à une mort horrible alors qu’on peut choisir de mourir maintenant, tout jeune, tout frais, avec une peau encore rosée et parfumée ?
C’est une histoire aux gros mots. Aux beaux mots. À la saveur québécoise, mais celle d’un passé qui semble enfoui (en fuite?). À saveur d’amour, d’amitié, d’enfance et de toute la richesse qui peut s’y trouver. Ducharme ne se renouvelle pas, parce qu’il n’a pas besoin d’être renouvelé. Frédéric Dubois nous livre de lui sa spécialité : un auteur qu’il connait, mais SURTOUT, qu’il comprend bien. Sa touche personnelle se reconnait dans le débordement d’objets inusités, dans la mise en scène chorégraphique et colorée. Tout ce qu’on peut attendre du rendez-vous de l’impulsivité et de la poésie de Ducharme s’y trouve, définitivement. Par contre, les comédiens et comédiennes ne semblent pas tous au fait de cette énergie particulière, et le jeu pour un même personnage, était partagé de façon plutôt inégale. Douze interprètes, avec une scène aussi encombrée, n’était peut-être pas le choix le plus judicieux ou alors, la scène ET la salle étaient trop petites. L’émotion était présente la plupart du temps, mais les creux nous laissent une certaine insatisfaction, au final. Il faut mettre la faute sur le fait que c’était la première, mais cela manquait de mordant et d’aisance… À quelle heure on meurt ? a su livrer, malgré tout, des instants précieux, des plus touchants et divertissants.
Une production du Théâtre à Deux
Présenté à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 30 mars.