Texte d’Anne-Marie Olivier
Mise en scène de Véronique Côté
C’est avec émotions que Philippe Ducros, le directeur artistique d’Espace Libre, a présenté la plus récente création d’Anne-Marie Olivier, le soir de la première.
Il y avait bien une ambiance fébrile dans la salle, qui a vite été secouée avec les débuts de la pièce. Coups de feu, à maintes répétitions. Ça a de quoi rompre vite l’attente et s’ancrer dans le récit. Un récit lourd, complexe, qui s’étend sur deux générations. Une mère monoparentale (merveilleusement bien interprétée par l’émotive Anne-Marie Olivier), qui a décidé de cacher à son fils (Steve Gagnon) l’identité autochtone du père. Se sortant de son monde virtuel, il finira par se reconnecter à ses racines, se reconnecter à la vie, celle qui peut être parfois brutale et sale. À ce déchirement identitaire s’ajoutera aussi celui d’une peine d’amour, causée par une camionneuse sexy (Édith Patenaude), rencontrée sur la route. Et que dire de la mère, complètement brisée par les choix qu’elle a fait et les conséquences qu’elle a dû subir tout ce temps et encore aujourd’hui. Oui, l’histoire est lourde et elle est soutenue par une mise en scène (de Véronique Côté) très imagée et crue, qui ne laisse personne indifférent. On lève le voile sur les tabous, on lève le voile sur les erreurs de nos choix, on plante ses deux bottines dans la terre humide et noire et on se vide l’intérieur. On en répand partout. Littéralement.
Un théâtre d’émotions, un théâtre de « tripes », voilà ce qu’était la nouvelle création de la troupe. Petit bémol, le texte proposait beaucoup de pistes pour n’en explorer, au final, que quelques-unes. À vouloir suggérer trop d’histoires, trop d’images, on en perd le message principal, celui qui a forcément dû nourrir le texte. Cependant, bien qu’on sorte un peu confus, on ne peut pas dire qu’on n’a pas apprécié.
Présenté à Espace Libre jusqu’au 9 février
Une production de Théâtre Bienvenue aux dames !