Je viens tout juste de terminer la visualisation du premier épisode de Miss Inc., réalisé par Orlando Arriagada et produit par la boite Pimiento. Quel marathon ça été pour moi. Sachant que je voulais vous écrire, j’avais crayon et papier à portée de main et croyez moi, je n’ai pas chômé. Le documentaire m’a fait régir de toutes sortes de façons. En tant que femme en premier lieu, mais aussi en tant que consommatrice des médias et de toutes ces images qu’on me projette de la femme.
D’abord, la voix de Simon Durivage ça me met toujours dans un bon mood et dès le début, je savais que ce documentaire ne me laisserait pas indifférente. La beauté, pour moi, c’est pas un standard. Pourquoi on le besoin d’homogénéité si grand ? La peur de ne pas être accepté? Le besoin d’être reconnue? Assumer son unicité, c’est difficile, et de plus en plus de nos jours. C’est d’ailleurs pourquoi je me suis jointe à l’équipe de Boucle Magazine qui prône une image saine et diversifié de la femme.
Mais outre mon opinion sur les concours de beauté et leur recherche excessives de tout standardiser chez la femme (et la fillette!), il y a l’histoire du
Vénézuela qui est bien spécifique. Là-bas, l’industrie de la beauté est la deuxième plus puissante après le pétrole. Même Chavez a lâché prise contre elle. C’est pas peu dire, Hugo Chavez est rentré bredouille de sa tentative de guerre contre cette industrie. C’est immense, c’est puissant et certains diront, c’est culturel.
Les futures Miss le sont depuis le ventre de leur mère, nous dit Mme Pulido, directrice de Katty Pulido International. On les conditionne, on les forme avec ce joli rêve d’être la prochaine Miss Vénézuela. C’est l’accomplissement d’une vie.
On aura beau dire que c’est l’homme qui pousse cette industrie à grandir sans cesse, au Vénézuela c’est un matriarcat très puissant qui enculture ses fillettes. Elles deviennent des diamants à travailler, à polir, à faire rêver. On les chouchoutte, on s’endette pour elles, on les vénère. Il suffit d’écouter cette jeune fille à 11m10 pour comprendre ce rêve plus grand que nature que cette société vend à ces jeunes filles. Parce que peut-importe la classe sociale, tu peux être une Miss. C’est à la portée de tous. Devenir Miss, c’est aussi se propulser socialement. Un des intervenants dans le documentaire mentionne même qu’à compétence égale, au Vénézuela, on prendra toujours une fille qui aura dans son curriculum vitae des participations des concours pour Miss Vénézuela.
Ce que j’ai retenu du discours des filles qui font tous ces sacrifices pour tenter d’atteindre le titre de Miss Vénézuela, c’est que c’est un choix. C’est un choix qu’on aura modelé dans leur inconscient, oui ! J’imagine mal la fillette qui dit à sa mère, moi, Miss Vénézuela, ça ne m’intéresse pas.
Le professeur en communication José Rafael Briceno affirme que c’est intrinsèque à la culture vénézuélienne. Tout est parti d’une fierté nationale quand une Vénézuélienne est devenue Miss Univers. C’est devenu leur sport national. Le Brésil, c’est le soccer; l’Espagne, les toréadors et le Vénézuela, c’est la beauté des ses femmes ! Plus de 17 millions de téléspectateurs pour le concours Miss Vénézuala (c’est près de 50% de la population). Briceno clame que le Vénézuela aime se croire vertueux, mais que finalement c’est de la superficialité. Je n’aurais pas mieux dit! Quand j’entends le Dr. Peter Romer, chirurgien, dire que «c’est une roue qui tourne; plus les femmes se sentent belles, mieux elles se sentent aux yeux des autres. Ce qui a un effet positif», j’ai envie de brandir mon Magazine Boucle et de dire : «Pourquoi ne travaillons-nous pas sur l’estime de soi en montrant la beauté comme une diversité, plutôt que comme un standard?» Je veux dire, ça me semble fragile de donner des outils éphémères comme la chirurgie plastique à une femme pour s’accepter et se trouver belle. Le discours de la psychologue Carla De Santin, en fin de documentaire, rejoint mon avis.
Quoiqu’il en soit, je crois que, hors du Vénézuela, c’est une réalité à laquelle nous devons aussi faire face. Nous devons en tant que société nous pencher sur le sujet. Pensons à ce site de rencontre Chiccheri.com dont on a entendu parler ici à Montréal. Le succès et la beauté sont souvent intimement liés, malheureusement(?). C’est autant à la femme qu’à l’homme de changer le regard qu’on a sur la beauté. Le regard de l’homme sur la femme par exemple peut changer la façon dont elle se regardera. En ce sens j’applaudirais l’initiative de la campagne https://www.votreregardcomptepourelle.com/ . Notre société est le reflet de nos actions. Si on veut que ça change, changeons!
Je vous laisse sur une réflexion. Dans le documentaire, Dr. Romer dit : «La beauté c’est éphémère.» Quand pensez-vous ? J’attends vos réponses dans les commentaires.
Chapeau à Orlando Arriagada pour ce documentaire de bon ton et sous un regard quasi sans jugement. J’ai hâte de voir la suite.
Pour écouter l’entrevue radio de Dutrizac avec le réalisateur, c’est ici : https://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=161954