La femme n’a que trop rarement eu la vedette, bien qu’elle soit capable du plus grand élan d’ambition. En plus de se confronter avec elle-même, elle doit aussi se confronter avec la nature et l’homme. Hybris.théâtre s’est chargé de redonner à la femme son moment de parole, mais n’est-il pas déjà trop tard pour changer ces mythes vieux comme le monde, à la base même de toute la culture occidentale ?
ORPHÉE REVOLVER, c’est une réinterprétation du mythe d’Orphée, poète grec éperdument amoureux de sa belle Eurydice morte, mordue par un serpent, et piégée dans les enfers. Concluant un pacte pour la ramener avec lui au monde des vivants, il ne réussira sa quête que s’il évite de se retourner pour vérifier si sa douce le suit toujours, pendant le trajet. Tentation insupportable, il commettra l’erreur irréversible. Ainsi, Eurydice sombre définitivement dans sa mort, tandis qu’Orphée refait surface à la terre ferme.
Et si c’était exactement ce que voulait l’héroïne ? C’est en fait le point de départ de la création de la troupe. Eurydice ne souhaite la mort, mais entre ça et la seule idée de s’imaginer « chose » à prendre et à rapporter, « objet » de redevance à l’homme qui la secouru (pour des raisons qu’on découvre tout sauf nobles), et « image » d’un rôle qu’elle ne souhaite pas accomplir comme il se doit dans la société contemporaine… sa finalité lui paraît bien injuste. Comme il serait tentant de scandaliser le mythe pour éviter l’oubli d’une femme qui se sent femme et qui mérite mieux.
ORPHÉE REVOLVER, c’est une imbrication de segments de discours, de pensées, de philosophies et d’évènements historiques relié à la femme et à sa condition depuis toujours dans la société. Alambiqué ? Un peu… Il est difficile de trouver l’élément conducteur de toute la pièce qui nous projette d’un point à l’autre de son message global. Par contre, l’effet d’étourdissement rapporte à l’intention comique de l’interprétation – soi dit en passant très impressionnante de la part des comédiennes (Danièle Simon, Marie-Ève de Courcy et Mylène Bergeron) ainsi que du comédien (Luc Chandonnet) ! La scénographie épurée et la mise en scène minimaliste évite la surcharge du propos déjà suffisamment complexe et l’ensemble s’allège par les inclusions musicales live de Mykalle Bielinski. D’ailleurs, celle-ci fait preuve d’un immense talent et je trouve dommage qu’elle soit maladroitement insérée dans l’élan de la pièce, qui demeure, somme toute, très innovatrice par son audace.
ORPHÉE REVOLVER, une création de hybris.théâtre
Présentée au Théâtre Sainte-Catherine (263 Ste-Catherine Est)
Du mardi au samedi 20h, jusqu’au 17 novembre
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