Entrevue : Bronswick, entre nostalgie et changements

Après les EPs Errance (2015) et Chassés croisés (2016), le duo montréalais électro-pop Bronswick formé de Catherine Coutu et Bertrand Pouyet lançait plus tôt ce mois-ci Nuits Plurielles, un premier album réalisé par Vincent Levesques (Paupière, We are Wolves) parue sous Lisbon Lux Records.

Au croisement des relations humaines et de la profondeur des sentiments, Nuits Plurielles conjugue sons synthétiques et rythmes aériens, en offrant une proposition organique, toute sauf hermétique. Suite au lancement à Montréal, le groupe s’apprête à présenter son plus récent projet sur la scène du Maelstrøm St-Roch à Québec ce vendredi 27 septembre. On a voulu en savoir davantage sur le disque.

Boucle Magazine : Comment décririez-vous l’univers de Bronswick ?

Bronswick : Bronswick a un univers qui vogue entre la nostalgie d’un passé rapproché et une vision trouble du futur. Nous abordons souvent différentes facettes de la sexualité parce que, il faut se le dire, c’est à la base du monde! Au-delà de nos rythmes et textes sensuels, nous parlons aussi de ce qui nous touche, c’est-à-dire les périodes charnières de grands changements, l’angoisse du manque de temps, de ressources, des remaniements existentiels. Malgré une enveloppe parfois légère, l’univers de Bronswick est souvent sombre et tumultueux. 

BM : Entre électro-pop et influences hip-hop, sur quoi s’appuie le son de l’album ? Comment en êtes-vous arrivé à cette ambiance ?

B : Le son de l’album est teinté par nos multiples influences, l’idée de styles musicaux précis n’est vraiment pas quelque chose d’important pour nous, mais nous avons quand même cherché à avoir une cohérence. Souvent c’est une ligne d’accord qui va être la base du morceau, et dans cette ligne on cherche à insuffler une base émotionnelle, une certaine mélancolie. Ensuite les autres éléments viennent l’habiller pour soit appuyer soit masquer cette première émotion. C’est souvent à ce moment que la rythmique rentre et bien souvent c’est elle qui va apporter ce côté plus hip-hop. Pour l’album nous avons travaillé avec Vincent Levesques (We Are Wolves, Paupière) comme réalisateur. Il a facilement compris ce qu’était Bronswick et nous a permis d’aller plus loin dans le son. Que ce soit en apportant un focus différent sur certains sons, ou en proposant de nouveaux arrangements, mais en respectant toujours l’émotion (positive ou négative) sous-jacente dans le morceau.

BM : Les thèmes des relations et des sentiments sont centraux dans l’album. Introspections, questionnements et observations personnelles se confrontent et teintent les pièces (je pense entre autres à Mes automatismes et Si t’as raison). Qu’est-ce qui a inspiré l’écriture du disque ?

B : Lors de l’écriture de l’album nous étions tous les deux dans des moments de changements dans nos vies. Nous nous posions énormément de questions sur nos choix, notre futur, etc. Et c’est sûr que ces questionnements se ressentent dans l’écriture. On a passé la phase d’insouciance depuis longtemps dans nos vies, l’introspection et la remise en question font partie de nous, surtout dans une époque de changements comme on en vie actuellement, où toutes les bases sur laquelle la société où nous vivons a été bâtie, doivent être questionnées.

BM : Une certaine tourmente se ressent à travers les textes, comme si on était dans l’appréhension de quelque chose. Il y a aussi cette idée d’opposition qui s’installe dès la première pièce, Un geste. Qu’appréhende-t-on dans Nuits Plurielles ?

B : Nous aimons beaucoup jouer avec cette dichotomie justement, la relation de push & pull entre un rythme sensuel et des propos troublants, comme dans Un geste qui parle d’addiction de toutes sortes, sous un habillage léger. Nous jouons avec les sensations, les relations tendues entre nos textes et nos mélodies qui cohabitent sans nécessairement se fusionner. Ce qu’on appréhende dans Nuits Plurielles ? Les tumultueuses périodes de grands changements!

BM : Tout un visuel s’est déployé autour de l’album. De la pochette en passant par les teasers et vidéoclips, on remarque un souci pour l’image avec un esthétique léché, aux allures presque futuristes. Quelle est votre relation au visuel et l’importance de celui-ci dans l’ensemble du projet ?

B : Les visuels ont toujours été importants dans la musique, et la nôtre ne fait pas exception. On a cherché à s’entourer de gens dont on aime le travail pour appuyer nos créations. À partir de là, on leur a laisser dans un premier temps nous proposer leur idée de notre musique, comment ils pouvaient la traduire en image. Ensuite, on discutait sur la base de leurs idées pour voir si elles s’inscrivaient dans l’esthétique que nous imaginions pour notre musique. Les résultats reflètent une certaine poésie qui colle vraiment bien avec l’esthétique musicale du projet.

L’album Nuits Plurielles est disponible par ici, et en plus du lancement à Québec ce vendredi, plusieurs spectacles sont prévus pour le groupe cet automne. Consulte leur page Facebook pour plus d’infos !

Photo de couverture : Bronswick, crédit : Matteo Gueli

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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