Chronique d’une cinémaniaque: The Danish Girl

The Danish Girl. Wow. C’est sans contredit mon film du moment. Du réalisateur Tom Hooper, à l’origine du magnifique film Les Misérables sorti en 2012 (film époustouflant qui a une place particulière dans mon cœur) ainsi que du film Le discours du roi sorti en 2010, réalisateur ingénieux que je remercie pour ses chefs-d’œuvre, le film met en scène Eddie Redmayne au sommet de son art. Il y joue Einar Wegener, un homme éperdument amoureux de sa femme Gerda et qui, après avoir accepté d’enfiler une robe pour aider Gerda à terminer un portrait, ne peut plus refouler ses sentiments et décide d’être fidèle à lui-même. Se sentant femme à l’intérieur d’un corps d’homme, Einar entame sa lente transformation en Lili Elbe, grâce au soutien inconditionnel de sa femme.

C’est simple, je suis tombée en amour. Après avoir braillé niveau boîte de mouchoirs à proximité et images floues pour cause de larmes impossibles à contenir, je pense que je suis restée cinq minutes assise dans le noir à ressentir toute la beauté et l’émotion véhiculées par le film The Danish Girl. Ça faisait longtemps qu’un film ne m’avait autant secouée. Un vrai chef-d’œuvre.

C’est principalement le jeu des acteurs qui m’a bouleversée. Eddie Redmayne est un homme pour lequel j’ai énormément d’admiration. Après l’avoir découvert dans Les Misérables, dans lequel ses talents de chanteur n’ont d’égal que ses talents d’acteur, puis dans La théorie de l’univers dans lequel il fait montre d’un véritable génie en reproduisant avec émotion à l’écran la lente dégénération de Stephen Hawking, voilà qu’il interprète le premier transgenre avec une sincérité époustouflante. La transformation est lente, naturelle et pleine de vérité : au cours du film, on voit littéralement le personnage évoluer graduellement pour devenir une femme à part entière. Ses gestes graciles et de plus en plus féminins témoignent d’une compréhension profonde du personnage et du sentiment d’être né dans le mauvais corps. C’est déchirant, magnifique et tellement naturel.

Et Alicia Vikander. Incroyable. Pas surprenant qu’elle ait gagné Meilleure actrice de soutien à la cérémonie des Oscars. Sa performance est époustouflante. En amour inconditionnel avec Einar, elle emmène constamment le spectateur dans une dichotomie douloureuse : en l’aidant à devenir la femme qu’il est profondément, elle le perd en tant que mari, mais elle l’aime d’un amour si profond qu’elle souhaite qu’il devienne lui-même et contribue à sa transformation. Elle l’accepte tel qu’il est, et accepte d’héberger Lili chez elle et de vivre avec elle même si son mari lui manque atrocement. Elle nous livre quantité de scènes éblouissantes qui viennent râper l’âme et qui donnent une leçon sur l’amour absolu.

La relation qu’entretiennent Einar Wegener et Gerda est tellement belle. Idyllique. Pleine de compréhension, d’humour et de ces petits regards si importants qui transportent le film dans une autre dimension. Chapeau pour cette complicité qui transparaît à chaque seconde.

The Danish Girl n’est pas seulement une magnifique histoire d’amour et d’émancipation. C’est également une œuvre d’art en soi. Quand on regarde un film, souvent les plans et les mouvements de caméra sont classiques, efficaces et… sans intérêt. Ils servent l’histoire, montrent les personnages et laissent passer l’émotion avec rigueur, mais ils ne se renouvellent pas et se font gentiment oublier. Dans The Danish Girl, il en est tout autrement. Les plans se renouvellent sans cesse et sont presque à l’image des œuvres d’art que le couple produit. Les couleurs sont judicieusement choisies et la décoration épurée et moderne pour les années 30 laisse toute la place à la couleur intérieure qui petit à petit se dégage de Lili. Les champs-contrechamps sont effectués non pas de manière traditionnelle, mais en sens inverse; la caméra n’hésite pas à se rapprocher dangereusement des personnages; les plans sont parfois obstrués par des objets ou judicieusement placés dans un angle nouveau, donnant au film une qualité photographique hors norme.

Rajoutez au tout une musique féérique, magnifique et touchante et voilà. Il n’en faut pas plus pour que le film s’élève au rang de pure poésie pour les yeux et le cœur.

Ce qui m’attriste, évidemment, c’est que j’hésite parfois à le proposer au Superclub Vidéotron. En tant qu’employée dans un magasin de location de films, il m’arrive souvent d’aller conseiller les clients sur les bons films à voir. Et, incessamment, je pense à The Danish Girl. Mais je ne peux pas le proposer à tous. Certains sont fermés dès que je parle de transgenre et de lente transformation d’homme à femme. Ça me rend triste, car ils passent à côté d’une œuvre importante dans la cinématographie, selon moi. The Danish Girl n’est pas l’histoire d’un transgenre, et surtout pas l’histoire d’un homosexuel. The Danish Girl, c’est une histoire d’identité profonde, de beauté, d’amour et de respect. Point.

Photographies tirées de Google.

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